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Le déterminisme

Avons-nous vraiment un libre arbitre ?

La plupart des gens, croyants comme athées, ne doutent pas que oui. Et pourtant...

Des recherches ont montré que le cerveau prépare nos décisions jusqu'à 10 secondes avant qu'on ait réellement conscientisé notre choix.

Bien avant ces études neuroscientifiques, Spinoza affirmait déjà que nous étions déterminés.

Qu'est-ce que le déterminisme ?

Commençons par dire ce que le déterminisme n'est pas.

Cela ne signifie pas que tout est écrit à l'avance, ni que nous sommes des automates soumis à un destin.
Ce n'est pas non plus la fatalité des tragédies grecques, ni la prédestination.
C'est même plutôt l'inverse, car pour Spinoza, rien n'existe dans un but donné, rien n'est là pour servir à quelque chose, la vie n'ayant pas de finalité.

Non, le déterminisme est le simple constat que chaque chose existe ou arrive à cause d'une autre, qui elle-même est arrivée à cause d'une autre, qui elle-même est arrivée à cause d'une autre, qui elle-même... Enfin vous avez compris.

Mème sur le déterminisme

En tant qu'êtres humains, nous n'échappons pas aux déterminismes, et ce que nous faisons, imaginons et ressentons est également l'aboutissement d'un long enchaînement de causes.

Pourquoi croyons-nous spontanément avoir un libre arbitre ?

Une des choses qui nous conforte dans l'illusion du libre arbitre est que nous ne prêtons généralement pas attention aux causes qui nous font agir.
Comme nous n'en avons pas conscience, nous percevons nos actes, et ceux des autres, comme s'ils avaient été accomplis délibérément, et donc qu'ils auraient pu être différents. Une autre raison de cette croyance au libre arbitre est la possibilité, après coup, d'envisager d'autres choix que ceux que nous avons faits (« J'aurais dû faire ceci plutôt que cela »).
Or, si nous n'avons pas fait cet autre choix, c'est tout bonnement qu'il n'en était pas un sur le moment.

C'est a posteriori, avec du recul et donc une nouvelle expérience, que nous pouvons envisager une possibilité qui n'existait pas alors.
Si vous reviviez cent fois le même événement, vous referiez, dans les mêmes circonstances, cent fois le même choix.
En effet, ce n'est pas votre apparente décision qui est en cause, mais vos déterminismes (votre vécu, vos traumas, votre éducation, l'influence du monde extérieur...) qui vous y ont mené.

Ce que cela change d'un point de vue éthique

Mais que cela peut-il nous apporter de nous savoir déterminés ?

Spinoza explique que nous souffrons davantage d'une chose (par exemple un mal qui nous a été fait) quand nous croyons qu'elle est arbitraire, contingente.
À l'inverse, nos émotions sont moins puissantes lorsque nous savons que ce qui les cause est déterminé.

La conscience des déterminismes est donc cruciale : lorsque nous comprenons la succession des faits qui ont mené nécessairement à tel résultat, nous l'acceptons plus facilement.

Prendre conscience de cette absence de libre arbitre peut donc atténuer à la fois le ressentiment (c'est-à-dire la tristesse) que l'on pourrait avoir pour quelqu'un d'autre, mais également celui que l'on pourrait avoir pour soi-même.

De fait, lorsque vous estimez avoir pris une mauvaise décision dans le passé, il est inutile de vous en vouloir, puisque vous n'auriez pas pu faire autrement.
Ne soyez donc pas trop dur avec vous-mêmes !

La liberté

Être déterminés ne signifie pas pour autant que nous ne pouvons pas être libres !
Simplement, il va falloir réévaluer notre conception de la liberté.

Deux sortes de choses nous déterminent :

Les nécessités extérieures sont toutes les contraintes extérieures à nous : la société, le climat, les lois de la nature et de la gravité...
Ces contraintes nous poussent, que nous en ayons conscience ou non, à faire ou ressentir telle ou telle chose, et nous n'avons pas ou peu de pouvoir sur elles.

Les nécessités intérieures, elles, sont les forces qui nous incitent à nous préserver et nous renforcer en cherchant ce que l'on croit être bon pour nous.
Ces nécessités-là dépendent de notre propre nature.

Être libre, ce n'est pas échapper absolument à toutes les nécessités, ce qui est impossible.
C'est plutôt être guidé uniquement par celles qui sont conformes à notre nature, autrement dit, nos nécessités intérieures.
Ils s'agit de ne plus être asservis par les nécessités extérieures qui nous contraignent à faire ce qui ne nous convient pas.

Certes, nous ne pouvons contrôler ce à quoi ces nécessités extérieures nous exposent, mais nous pouvons agir sur la manière dont nous les recevons.
Comment donc ?

Pour Spinoza, les passions, comme leur nom l'indique, sont passives : nos émotions sont des réactions à un stimulus extérieur.
À l'inverse, selon le philosophe, la pensée et la compréhension sont des actions.

Pour être libre, il faut donc cesser de réagir, et au contraire agir, c'est-à-dire être guidé par la raison, par la compréhension de nos nécessités et des affects qui nous traversent.
Il s'agit de ne faire que ce qui nous renforce et nous perfectionne.

En effet, selon le penseur hollandais, comprendre la passion dont nous souffrons, en avoir une idée claire et distincte, a pour effet de détruire (ou au moins diminuer) tous les affects dont nous pâtissons quotidiennement, que ce soit la haine ressentie en retour de celle que l'on a subie, ou même l'amour.

Si vous souhaitez savoir comment parvenir à cette compréhension de chaque affect, vous êtes au bon endroit !
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